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AFRIQUE : QUAND LIBERTÉ DE LA PRESSE RIME AVEC LIBERTÉ DE STRESS

AFRIQUE : QUAND LIBERTÉ DE LA PRESSE RIME AVEC LIBERTÉ DE STRESS

Journaliste africain quelle est aujourd’hui le seuil de ta liberté ?

Alors que le monde entier célèbre ce mardi 03 mai la 29ème édition de la journée mondiale de la presse, la presse africaine cherche encore ses lettres de noblesse.

Les problèmes de la profession sont parfois liés au déficit de formation de certains pratiquants du métier qui prétendent être journaliste mais aussi et surtout à l’environnement de précarité qui est voulu et entretenu par les gouvernements africains. Entre clochardisation, menaces, intimidations voire emprisonnements, la pratique du journalisme en Afrique s’avère être un véritable parcours de combattant. Aujourd’hui plus que par le passé, on est en droit de se demander si être journaliste a encore un sens dans notre société. Peut-on vraiment dire que le journalisme fait encore rêver auprès de la jeunesse ??? Au moment où les nouvelles technologies de l’information et de la communication sont en train de révolutionner la pratique du métier, le journaliste est appelé à se réinventer. Le thème de cette 29ème édition est assez évocateur à cet effet. Il s’intitule « Le journalisme sous l’emprise du numérique ». Une thématique qui nécessite une clarification conceptuelle sur qui est journaliste et qui ne l’est pas. Les réseaux sociaux devenus au fil des années des sanctuaires d’exhumation de fakenews et de propagande sont à la fois une chance et un danger pour le professionnel de l’information. Très souvent à la recherche du buzz, l’on se complait à diffuser des fake news pour polir et salir l’image de certaines personnalités. Au moment où l’on célèbre le 31è anniversaire de la Déclaration de Windhoek sur la liberté de la presse, la sonnette d’alarme est de nouveau tirée sur la recrudescence des violations à l’encontre des journalistes et des médias en Afrique. Entre tentative de musèlement et de torture morale, le journaliste se trouve entre le marteau et l’enclume. Les gouvernements appelés pourtant à veiller au respect de la liberté d’expression et au libre accès à l’information ; à dépénaliser les délits de presse et à veiller à l’instauration des tribunaux de pairs sont très souvent les bourreaux du quatrième pouvoir. Un 04è pouvoir devenu finalement un contre-pouvoir. Au cours de la période de mai 2020 à Avril 2021, l’ARTICLE 19 a documenté plus de 100 atteintes à la liberté de la presse dans 28 pays africains dont 12 pays de la sous-région ouest. Ces violations ont le plus souvent porté sur des agressions physiques et traitements dégradants contre des journalistes en service, des destructions ou dommages de matériels des journalistes où des ingérences politiques dans la gouvernance des organes de régulation. De ces atteintes, 59 cas ont été documentés au Nigéria, 20 au Sénégal, trois en Guinée, 02 en Côte d’Ivoire, 04 au Niger, 02 au Burkina Faso, 06 au Ghana, 1 en Guinée Bissau, 02 en Sierra Leone, 02 au Mali, 05 au Togo, 08 en Égypte, 06 en Algérie, 02 au Cameroun, 03 au Maroc, 02 au Rwanda et 1 au Bénin. Aujourd’hui, Omar Radi, journaliste marocain, le Béninois Leonce Hougbandji ou le Camerounais Amadou Vamoulke, paient le prix fort de la prison ou de l’exil pour s’être désolidarisés des régimes de leurs pays. Les dirigeants africains qui pour la plupart ont ratifié des textes et traités sur la liberté d’expression foulent au pied les règles de protection des droits de l’homme pour sauvegarder leur pouvoir. Dans ce contexte, qu’est-ce que l’on peut bien attendre du journaliste qui tire très souvent le diable par la queue et peine à travailler en toute sérénité? Les concepts de journalistes citoyens et de responsabilités sociales sont aujourd’hui de véritables pamphlets ; inappliqués et mal assimilés car en Afrique liberté de la presse rime toujours avec liberté de stress.

Bien dommage !!!