Le pays est secoué par un scandale d’écoutes téléphoniques à grande échelle concernant des personnalités dont des journalistes près de deux semaines avant la tenue d’élections.
Des extraits de conversations téléphoniques d’hommes politiques, de membres de la société civile, de diplomates et de journalistes ont été enregistrés et ont fuité sur les réseaux sociaux ces derniers jours. Cinq journalistes « de renom sont concernés par ces fuites », selon l’organisation Reporters sans frontières (RSF) qui « demande l’ouverture d’une enquête indépendante pour identifier les responsables des écoutes ». « Écouter les conversations téléphoniques de journalistes et les exposer sur les réseaux sociaux constitue un grave danger pour leur sécurité et la protection de leurs sources », s’est indignée l’organisation dans un communiqué.
Un système d’écoute généralisé ?
« Alors que Maurice s’achemine vers des élections législatives, RSF s’inquiète de ces fuites, qui laissent entrevoir un système d’écoute généralisé n’épargnant pas les professionnels de l’information ». L’île Maurice, l’une des démocraties les plus stables d’Afrique, tiendra des élections législatives le 10 novembre.
Selon RSF, le Premier ministre Pravind Kumar Jugnauth et la police ont affirmé que les extraits de conversations téléphoniques ayant fuité avaient été manipulés par intelligence artificielle, mais les cinq journalistes concernés par le scandale ont confirmé l’authenticité des conversations auprès de l’organisation. « Les autorités se réfugient derrière l’argument de l’intelligence artificielle car elles sont embarrassées », a déclaré Nawaz Noorbux, directeur de l’information de Radio Plus, l’une des principales radios privées du pays, cité dans le communiqué.
Mauritius Telecom a publié une déclaration plus tôt cette semaine, affirmant qu‘ »aucune communication » n’était interceptée, surveillée ou manipulée « de quelque manière que ce soit » par l’opérateur. Le 10 novembre, le Mouvement socialiste militant (MSM) de Pravind Kumar Jugnauth cherchera à conserver sa majorité à l’Assemblée nationale et à accorder au Premier ministre sortant un nouveau mandat de cinq ans. Pravind Kumar Jugnauth avait largement remporté les législatives de 2019, asseyant sa légitimité dans les urnes après avoir succédé à son père en 2017.