Ces chiffres alarmants marquent une nouvelle intensification de la répression contre ceux et celles qui dénoncent les impacts des projets pétroliers sur les droits humains et l’environnement en Ouganda. La Fédération internationale pour les droits humains condamne cette nouvelle vague de détentions et exhorte les autorités à mettre fin immédiatement à leur persécution contre la société civile.
Les autorités ougandaises ont de nouveau intensifié leur répression contre les activistes qui protestent contre les mégaprojets pétroliers en cours de développement dans la région du lac Albert. La Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) a documenté au moins 81 arrestations et détentions depuis mai 2024, dont 72 pour le seul mois d’août.
« Les autorités ougandaises doivent immédiatement mettre fin à leurs tentatives répétées d’intimidation des défenseur·es et des communautés concernées. Ces voix sont essentielles à la protection des droits humains et de l’environnement, compte tenu des énormes risques que posent ces projets », déclare Sacha Feierabend, Chargé de programme senior sur les entreprises et les droits humains à la FIDH.
Des manifestations régulières ont récemment eu lieu en Ouganda et en Tanzanie, alors que la construction de sites pétroliers à grande échelle s’est accélérée. Ceux-ci comprennent l’East African Crude Oil Pipeline (EACOP) et les projets Kingfisher et Tilenga qui sont détenus et exploités par la société française TotalEnergies et l’entreprise publique chinoise China National Offshore Oil Company (CNOOC) en coopération avec les gouvernements ougandais et tanzanien.
La FIDH a reçu de multiples signalements dénonçant des cas de harcèlement judiciaire et moral, de menaces et d’intimidations à l’encontre des défenseur·es travaillant sur ces projets, dont un cas de torture et de détention au secret.
« Les entreprises et les investisseurs impliqués dans ces projets ont la responsabilité cruciale de faire pression pour obtenir des mesures plus fortes de responsabilisation et de protection contre ces abus. Ils doivent user de leur influence sur les autorités ougandaises pour faire cesser toute violence et tout harcèlement contre les défenseur·es des droits humains et de l’environnement », ajoute M. Feierabend.
Si l’Ouganda connaît depuis des années un rétrécissement de l’espace civique, la répression s’est particulièrement intensifiée au cours des quatre derniers mois, les manifestations liées au pétrole étant de plus en plus fréquentes. Le 26 août, 21 activistes ont été arrêtés à Kampala alors qu’ils marchaient vers le Parlement et les sièges de TotalEnergies et CNOOC pour remettre une pétition contre l’EACOP. L’un d’entre eux a été relâché, tandis que les 20 autres ont été placés en détention préventive jusqu’au 5 septembre et sont toujours détenus. Le 9 août, 47 étudiants qui manifestaient pacifiquement dans la capitale ont été arrêtés par des policiers avant d’être relâchés le lendemain. Le 5 août, trois activistes ougandais et un activiste belge ont été arrêtés alors qu’ils tentaient de rejoindre l’ambassade de Chine, puis relâchés.
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